Baudelaire et Sainte-Beuve (Illustrated)

Baudelaire et Sainte-Beuve (Illustrated)

by Fernand Vandérem
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Overview

Les relations de Baudelaire et de Sainte-Beuve prêteraient à un curieux chapitre d'histoire littéraire, dont j'offre ici un aperçu.

Les sentiments de Baudelaire envers certains de ses contemporains, comme les sentiments qu'il leur inspirait, présentent parfois des contradictions. Ainsi, extérieurement, qui douterait de son culte pour Gautier et de l'estime où Gautier le tenait? Cependant on a retrouvé un article de Baudelaire où il traitait Gautier en poète verbal, en enfileur de phrases [1], et, d'autre part, Maxime du Camp nous conte que, dans l'intimité, Gautier prédisait à Baudelaire la faillite finale d'un Pétrus Borel [2].

Entre Baudelaire et Sainte-Beuve, pas trace de ces fluctuations. De son extrême jeunesse à sa mort, Baudelaire ne cessa de ressentir et de marquer pour Sainte-Beuve son admiration. C'est à Sainte-Beuve 8 qu'en 1844 il adresse respectueusement une de ses premières poésies de collège [3]. Et en 1866, à quelques mois de la paralysie générale, une de ses dernières lettres ne sera qu'un long panégyrique des poésies de Sainte-Beuve [4].

Les Consolations, Joseph Delorme, les Pensées d'Août, partout il trouve à louer et à s'enflammer. Notamment les Rayons Jaunes (ce poème parti d'une impression heureuse, mais développé d'une façon si méthodique et si dénuée d'ingénuité) lui semblaient un chef-d'œuvre dont il ne se lassait pas de redire les beautés. Baudelaire a subi là une emprise de jeunesse dont il ne devait plus se défaire.

On s'étonnera chez lui d'une admiration si constante pour un poète qui lui était si sensiblement inférieur, tant par l'inspiration et par la forme que par l'originalité. Et on pourrait être tenté d'y voir, sinon une flagornerie envers le critique tout-puissant, du moins la gratitude d'un obligé. Mais les faits s'opposent à cette hypothèse. Car Sainte-Beuve ne fit jamais rien pour Baudelaire, ou ce qu'il fit en sa faveur se réduit à l'impondérable.

Feuilletez d'ailleurs cet immense Larousse que constitue l'œuvre critique de Sainte-Beuve. Alors que tant de poètes subalternes, tant d'écrivains quelconques y bénéficient de longs articles, vous n'y découvrez pas un seul Lundi consacré à Baudelaire. Puis contrôlez par la correspondance des deux écrivains et 9 vous aurez vite établi le relevé de ce que Sainte-Beuve accorda à son jeune ami, à celui qu'il appelait paternellement «son cher enfant».

1856.—Baudelaire publie sa première traduction de Poe: Histoires extraordinaires. Lui qui ne sollicitait jamais pour son compte n'hésita en aucun cas à quémander pour Poe. Il s'était institué le barnum, l'impresario de Poe, le cultivateur acharné de sa gloire en France. Le silence sur Poe, la moindre critique contre son œuvre, meurtrissait Baudelaire au plus vif [5]. Pour une insignifiante réserve sur le conteur américain, il faillit se brouiller avec d'Aurevilly.

En 1856 donc, il écrit à Sainte-Beuve pour lui recommander le volume [6]. Nous avons la réponse de Sainte-Beuve. Il promet ferme un article. En bas, une note naïve de l'éditeur ajoute: «Cet article n'a jamais été fait.» Et d'un! [7]

1857.—Les Nouvelles histoires extraordinaires. Nouvelle lettre de Baudelaire à Sainte-Beuve [8]. Même silence de Sainte-Beuve. Et de deux!

Les Fleurs du Mal. Sainte-Beuve en connaît, avoue en connaître plusieurs morceaux. Entre autres, il doit avoir lu les vingt pièces publiées dès 1855, dans la Revue des Deux Mondes [9]. Voici l'ouvrage complet. Occasion unique de lancer un jeune poète qui se détache avec éclat de la cohue courante, se donne et est reçu par Sainte-Beuve comme un disciple. Le critique s'en tient pourtant à une longue lettre embarrassée, 10 où ne sont pas oubliées les Pensées de Joseph Delorme ni les Consolations et où les éloges sans chaleur se mâtinent de gronderies vieillottes. Quant à un article, néant. Et de trois!

Mais arrive le procès: Baudelaire en danger. Concédons que, critique officiel, Sainte-Beuve se trouve en délicate posture pour intervenir. Au moins pourrait-il autoriser Baudelaire à publier sa lettre dans le recueil d'articles adressé aux juges.

Product Details

BN ID: 2940148339779
Publisher: Lost Leaf Publications
Publication date: 02/04/2014
Sold by: Barnes & Noble
Format: eBook
File size: 168 KB
Language: French
From the B&N Reads Blog

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